Nous sommes souvent témoins de la difficulté psychologique ressentie par l'ingénieur, mais surtout par le scientifique ou mathématicien, lorsqu'il doit admettre que la recherche (partiellement) aléatoire de solutions est parfois plus efficace que ce que permet le raisonnement. Un chroniqueur scientifique allait même jusqu'à écrire récemment dans un hebdomadaire grand public (Allègre, 2005) : « La science est une aventure humaine collective, continue, avec des milliers de chercheurs qui contribuent chaque jour à des progrès. Des découvertes, il y en a des milliers chaque année dans tous les laboratoires du monde (...). De temps en temps, bien sûr, il y a des sauts un peu plus grands que les autres, mais ce sont souvent des germes qui suivent une cristallisation "en l'air". (...). Si Einstein n'avait pas découvert la relativité, un autre l'aurait fait. ». Ce travail de fourmis, qui consiste à essayer toutes sortes de solutions nouvelles, le plus souvent par combinaison d'idées déjà existantes, ressemble beaucoup à la représentation canonique du problème d'optimisation traité par une méthode génétique. Cela ne donne bien sûr pas chaque fois un résultat intéressant, mais les bons r╚ultats ne sont accessibles qu'à ce prix. La publication des résultats de recherche devrait de ce fait toujours présenter les tentatives infructueuses qui ont finalement conduit au succès, après bien des tâtonnements ; elles nous en apprendraient plus sur le processus de découverte que la soi-disant construction directe par raisonnement pur qui est habituellement seule publiée !
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