Bonne nouvelle, les Français ont du bon sens, comme nous le rappelait le Credoc (1) fin février : à la question de savoir ce que représente l'alimentation, ils sont encore 42,1 % à estimer qu'il s'agit avant tout d'une nécessité répondant à un besoin physiologique. Nul besoin, donc, de rameuter de nouveau les tirades de Molière - ce que nous n'avions pas manqué de faire lors de la publication de notre dossier consacré au « Bien manger » (2). Reste que, dans le même temps, les avis hexagonaux se modulent... De plus en plus, nos concitoyens font part de leur « préoccupation pour la santé ». Les diététiciens en grincent d'ailleurs des dents, qui ont déclaré (3) redouter la « médicalisation » de l'alimentation. Et leur présidente Florence Rossi d'appréhender qu'« on ne mange plus pour se nourrir, ni pour le plaisir, mais pour se soigner ». C'est dans ce contexte un soupçon anxiogène que Sciences et Avenir choisit nonobstant de titrer son dossier « Aliments et cancer ». Trente pour cent des cancers seraient en effet liés à l'alimentation. Non pour rajouter à l'angoisse. Mais parce que, pour la première fois depuis dix ans, un rapport majeur, évoquant explicitement cette question, a été établi par des chercheurs au niveau international. Il s'agit d'une méta-étude - comme on les nomme aujourd'hui de façon pompeuse - où 500 000 travaux scientifiques ont été examinés pour ne retenir, au bout de cinq ans, que les 7000 les plus pertinents.
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