CRÉATIONNISME CONTINUISTE ET TRANSFORMISME LIMITÉ : LES NATURALISTES FRANÇAIS FACE À L'ÉVOLUTION BIOLOGIQUE AU XIXe SIÈCLE

摘要

Cet article vise à montrer l'attitude des naturalistes français face à la théorie de l'évolution des espèces biologiques entre Lamarck et Darwin. Ces chercheurs adoptent en effet une position de compromis entre le rejet du transformisme, dû à Cuvier, et la dénégation du fïxisme absolu, conformément à une longue tradition de recherche. Les paléontologues inaugurent un " créationnisme continuiste ", doctrine selon laquelle un processus miraculeux serait à l'origine de l'introduction de nouvelles espèces à tous les moments de l'histoire de la Terre. Cette doctrine concorde avec le " transformisme limité " des botanistes et des zoologistes, qui admettent l'existence d'un lien généalogique entre espèces proches de la classification, mais refusent d'étendre ces connexions au-delà du genre ou de la famille biologique. Contrairement à ce que certains historiens ont soutenu, ce ne sont pas ces naturalistes qui permirent l'adoption de l'évolutionnisme global après 1859. Les véritables transformistes apparaissent beaucoup plus reliés aux écrits de Darwin et n'hésitent pas à remettre en question la place de la religion dans l'histoire naturelle. Une approche quantitative du sujet met en évidence le même phénomène. Cet épisode majeur de l'histoire de la biologie conduit à réviser certains points essentiels de la philosophie de l'histoire des sciences. L'évolution des idées en mosaïque doit jouer notamment un rôle décisif dans la dynamique des théories scientifiques et leur permanente recomposition.