Nuremberg -Derrière la logorrhée marketing prônant « l'Internet des objets » comme le veau d'or du moment, l'édition 2014 du grand rendez-vous mondial de l'embarqué, Embedded World, qui s'est déroulée fin février à Nuremberg, a permis de souligner une tendance sans doute plus profonde de l'industrie des semi-conducteurs : la fin de la technologie pour la technologie. Ce qui se cache derrière l'Internet des objets réside moins dans une fulgurance technique rendant soudainement possible de nouveaux usages de l'électronique que dans la réalisation, par la foule des développeurs d'applications (qu'ils travaillent dans les centres de R&D de l'industrie ou qu'il s'agisse de simples « hob-bystes») que les composants actuels offrent d'ores et déjà toutes les fonctionnalités requises pour étendre significati-vement le champ des possibles. Dans les travées franconiennes, on parlait d'ailleurs moins de technologies Cmos de pointe, de gigahertz et de Mips Dhrystones que de sécurité des données, de kits de développement à bas coût, d'outils de développement intégrés offerts gracieusement et de programmes assurant la pérennité de telle ligne de circuits sur 5 ou 10 ans. Comme si les microcontrôleurs et processeurs embarqués qui tiennent le haut du pavé à Embedded World voyaient leurs performances évoluer moins rapidement que leur facilité d'utilisation, et que leurs fabricants s'attelaient surtout à créer des écosystèmes, à écrire des lignes de code et à se démar- quer sur des points de détails. Conséquence de géométries Cmos qui deviennent de plus en plus ardues à rétrécir, a fortiori lorsqu'il s'agit d'intégrer de la mémoire flash et des blocs périphériques analogiques? Ou de l'omniprésence des mêmes cœurs ARM 32 bits au catalogue de presque tous les fabricants de semi-conducteurs? Ou bien, encore, d'une lente mais constante concentration du marché des microcontrôleurs, qui a vu ces dernières années la plupart des « petits » acteurs (Energy Micro, Fujitsu, Mips, Luminary Micro) se faire croquer par les gros ? Toujours est-il que l'innovation était à chercher dans les détails sur le salon -de ces détails qui, souvent, importent davantage aux utilisateurs que les annonces fracassantes d'architectures flambant neuves. Et que l'embarqué est de plus en plus la cible des fabricants de semiconducteurs, à l'heure où les revenus générés par les PC déclinent et où chacun scrute avec angoisse la fin de l'explosion des ventes de smartphones qui, de toute façon, profite à un nombre toujours plus resserré de fabricants.
展开▼