Freud fut constamment tenté par la rationalité scientifique. Dans « Pulsions et destins des pulsions »2, il expose, dès les premières lignes, sa conception critique tout en proposant l'application d'une lecture et d'une démarche hypo-thético-déductive au concept de pulsion, convaincu que la psychanalyse ne peut se passer de ce « concept fondamental conventionnel » qu'il juge assez « confus pour l'instant ». « Nous avons, note-t-il, souvent entendu formuler l'exigence suivante : une science doit être construite sur des concepts fondamentaux clairs et nettement définis. En réalité, aucune science, même la plus exacte, ne commence par de telles définitions. » Pour Freud, le véritable commencement de l'activité scientifique consiste à décrire des phénomènes, qui sont ensuite rassemblés, ordonnés et insérés dans des relations ; étape durant laquelle on ne peut éviter d'appliquer au matériel « certaines idées abstraites que l'on puise ici ou là et certainement pas dans la seule expérience actuelle ». Ce sont ces idées abstraites qui deviendront les concepts fondamentaux de la science et qui serviront de matériaux indispensables, tout en comportant « nécessairement un certain degré d'indétermination », car il ne pourrait être question de cerner clairement leur contenu.
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