DES PATIENTS PARAPLÉGIQUES - paralysés des membres inférieurs - pourraient remarcher sans béquilles ! Et ce grâce à Atalante, un nouvel exosquelette réalisé par la start-up française Wandercraft. Jusqu'à présent, de tels dispositifs, comme l'israélien Ekso bionics ou l'américain Rewalk (80 000 € en moyenne) composés de deux gouttières articulées robotisées maintenant les jambes, nécessitaient l'appui sur des béquilles (lire S. et A. n° 829, mars 2016). L'objectif est surtout ici de « revertica-liser » le patient afin d'éviter les conséquences d'une station assise permanente en fauteuil roulant (ulcères, troubles métaboliques, ostéoporose). Avec Atalante, le patient pourrait se tenir debout et marcher, les bras libres (lire l'encadré p. 80). Le système devrait être utilisé dès cette année dans des centres de soins en Europe. Si le marché du handicap attire de nombreux acteurs, le domaine de l'industrie pourrait être encore plus prometteur pour les exosquelettes. Selon un rapport de 2017 du cabinet américain de conseil stratégique ABI Research, le besoin potentiel mondial de tels dispositifs industriels pourrait en effet dépasser les 2,6 millions d'unités. Cette fois, il s'agirait de soulager les salariés assignés à des tâches pénibles afin de réduire le taux de troubles musculo-squelettiques (TMS) dus à des gestes répétés, première cause de maladie professionnelle en France. Mais aussi... augmenter leurs endurance et performance. Robo-Mate, d'un consortium européen aide à soulever des charges sans effort ou Noonee de la compagnie suisse du même nom offre une position demi-assise sur les chaînes de montage. La SNCF n'est pas en reste : en 2019, des agents de maintenance devraient être équipés d'un « dispositif d'assistance à la personne » (DAP) - autre nom pour l'exosquelette - multifonction. « Un véritable couteau suisse », assure Yonnel Giovanelli, ergonome et chef de projet exos-quelette et cobotique (robotique collaborative) à la SNCF. Le système modulaire permettrait « d'être assisté dans un travail qui nécessite de tenir les bras au-dessus de la tête, ou d'aider à la flexion du tronc ». Le premier prototype est en cours de réalisation. «On parle d'agent assisté, pas augmenté », souligne prudemment l'expert, qui admet que les organisations syndicales sont très sensibles à cette question. Le philosophe Jean-Michel Besnier, spécialiste de « l'humain augmenté », alerte en effet : « L'exosquelette industriel est un gain de confort. Mais il est emblématique de cette tendance à optimiser les comportements humains à des fins de productivité. C'est aussi le moyen d'imposer aux agents d'être toujours à la limite de leur efficacité. Le risque d'une instrumentalisation est considérable. »
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