Au-delà du seul critère du prix, les consommateurs cherchent à donner du sens à leurs achats. «Le phénomène du local n'est plus un mythe marketing. C'est une réalité économique», affirme Jacques Dupré, directeur Insights chez IRI. Et les chiffres sont éloquents. Entre 2010 et 2014, les signatures locales ou régionales ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 15,1 %, soit cinq points de plus que les marques nationales (+10,2 %) et dix de plus que les MDD (+ 5,1 %). Si les stratégies de certaines enseignes y ont contribué, il ne faut pas négliger les motivations des acheteurs. Entre le scandale du « horsegate » et les émissions de télévision, souvent à charge, dénonçant l'industrialisation de l'alimentation, le consommateur, toujours plus inquiet, cherche à se rassurer en achetant des produits à l'ancrage territorial fort. Enfin, face à une crise économique qui n'épargne aucune famille, le Français pourrait bien devenir citoyen. C'est en tout cas le parti pris par Syndilait, l'organisation professionnelle des fabricants de lait de consommation liquide, qui, face à l'afflux de laits d'importation, va apposer sur ses packs le logo « Lait collecté et conditionné en France ». Et après tout… le manger local ne commence-t-il pas avec le consommer national? Le dossier « tourisme industriel » de ce numéro participe de cette tendance. Car la visite d'entreprise a bien une dimension affective. « Le visiteur est accompagné par des salariés. Il a, durant cet instant, un sentiment d'appartenance à la société qui doit déboucher sur un effet de fidélisation à la marque », explique l'Adeve, l'Agence de développement de la visite d'entreprise. La valorisation de l'origine et de la proximité ne serait-elle pas une alternative gagnante à la course au produit au prix le plus bas?
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