La plus grande opération de mise en Bourse d'une société européenne - si l'on excepte celles liées aux diverses privatisations - concernera, le 22 juin prochain, un des plus anciens ensembles industriels français. Cette opération devrait drainer au moins une vingtaine de milliards de francs. Ce qui est vendu, c'est le joint-venture franco-britannique constitué en 1989 et appelé GEC Als-thom, ultime avatar d'une entreprise qui, tout au long du siècle, n'a cessé de connaître des transformations. En décembre dernier, les deux maisons mères de GEC Alsthom, le britannique GEC et le français iVlcatel Alsthom, ont préféré se recentrer sur leurs métiers d'excellence, l'électronique de défense pour le premier, les té- lécoms pour le second, et laisser leur rejeton - rebaptisé Als-tom - voler de ses propres ailes, puisqu'ils devraient garder chacun moins d'un quart de son capital. 52 % du capital devrait être mis sur le marché boursier, ce qui représente environ 109 millions d'actions. Selon la demande, leur prix unitaire devrait être fixé entre 190 et 220 francs. Les 85000 salariés du groupe présent dans 29 pays - qui, juridiquement, vont pouvoir en profiter - devraient se voir proposer 2 % du capital. Compte tenu du climat euphorique régnant sur les marchés boursiers occidentaux, les actions Alstom ne devraient pas rester sans acheteur sauf à ima-giner qu'un krach ne touche, d'ici le 22 juin, les places financières internationales. Le PDG de GEC Alstom, Pierre Bilger, a récemment brossé le portait le plus séduisant de sa société pour un investisseur à la recherche d'une valeur sûre, un placement de « bon père de famille ». L'entreprise franco-britannique, au solide passé industriel, produit avec profit des biens d'équipement comme des centrales électriques, des turbines, des paquebots, des moteurs diesels industriels, des trains, des métros, des tramways, des appareils de distribution d'énergie et se pose, en plusieurs de ces secteurs, comme un leader mondial.
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