Management horizontal ou matriciel, « ubérisation » du travail, généralisation du terme « collaborateur » en lieu et place de celui d'employé, l'organisation moderne du travail et, par-delà, notre société tout entière, semblent reléguer au second plan la figure du chef. Si elle se fait moins visible, on ne peut pas dire pour autant qu'il n'y ait plus de structure de commandement : réglant l'activité de chacun dans ses moindres détails, la discipline dans un entrepôt d'Amazon n'a sans doute rien à envier à celle qui règne à bord de nos bâtiments. À rebours de ces structures désincarnées, les armées continuent, à tous les étages de leur organisation, de valoriser la place du commandant. De ses écrits de jeunesse à la constitution de la Ve République, Charles de Gaulle avait fait de la figure du chef une des clés de sa pensée et de son action, allant jusqu'à dire qu'« aux armées comme aux peuples pourvus de chefs excellents tout le reste sera donné par surcroît » (1).
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