« Les routiers calaisiens sont en danger grave, chaque jour on frôle l'accident mortel ! » Les propos de Patrice Clos, de FO Transports, résument la situation des conducteurs, de plus en plus victimes d'agressions aux abords de la jungle de Calais. Et ce, dans l'indifférence la plus totale. Bouleversants aussi sont les messages de routiers sur les réseaux sociaux. Personne n'entend ces appels de détresse. Ni la profession, ni les autorités, et c'est là le plus grave. Certes, cela concerne quelques dizaines de conducteurs, mais la vie d'un seul conducteur ne peut être mise en danger. Le nombre de routiers victimes de burn-out ne cesse de grimper, avec le risque de fragiliser des familles entières. Les aberrations sont nombreuses. La validation de la check-list de fin de chargement n'est pas généralisée, ce sont les agents du port qui le signent selon leur bon vouloir. Autre souci de taille : il faut une journée entière pour un dépôt de plainte après une agression. Beaucoup de routiers abandonnent, faute de temps. Le passage de Calais est devenu un no man's land et un boulevard d'insécurité permanente. Quelles solutions ? Démanteler le camp ne fera que repousser le problème. Les conducteurs le disent eux-mêmes. Les migrants qui ont été déplacés sur la région parisienne en mars tentent de monter dans les camions bien avant, sur les aires d'autoroute en sortie de la capitale. Ne frise-t-on pas la non-assistance en personne en danger ? Si n'importe quelle autre profession avait été menacée, voire violentée de cette manière à Calais, il est certain que l'État serait intervenu. Pourquoi ce silence ? Certains routiers n'hésitent pas à déchirer leur passeport pour ne plus aller en Grande-Bretagne. Même si FO Transport a tenté de faire bouger les choses, aucune organisation de salariés n'a à ce jour porté plainte. Et si patronat et syndicats s'unissaient pour cette même cause ? Il faut faire vite. La vie est sans doute au bout du tunnel pour les migrants, mais le danger est à l'entrée pour les routiers.
展开▼