DES APPROCHES VARIEES À TRAVERS LE MONDE

摘要

La volonté des Etats de complexifier, voire d'empêcher l'accès de moyens ennemis à leur territoire ne date pas d'hier, mais les stratégies d'A2/ AD (déni d'accès et interdiction de zone), concept développé aux Etats-Unis en 2003, évoluent massivement actuellement, en lien avec l'émergence de nouvelles technologies et leur application au secteur de la défense. « Il apparaît ainsi que la mise en réseau de capteurs et effecteurs variés, qui plus est de plus en plus performants, rend désormais certaines zones difficilement accessibles et franchissables », mettait en lumière un rapport de CEIS paru en septembre 2018. Interrogés en mai dernier par Air & Cosmos sur la question de l'impact des évolutions technologiques sur les stratégies d'A2/AD, les auteurs, Bertrand Slaski et Etienne Daum, nous expliquent ainsi que « la tendance est dorénavant à l'interconnexion des capacités défensives. On parle donc désormais de système de défense. Pour les pays les plus avancés, il faut ajouter une volonté de tendre vers l'ex-haustivité avec une couverture multicouche et multimilieux. On parlera dès lors de système de défense intégré ». Les évolutions technologiques, la mise en réseau des systèmes voire l'intégration future d'algorithmes d'intelligence artificielle permettent donc de renforcer les bulles de protection, venant ainsi complexifier l'entrée puis la progression sur un territoire ennemi ou un objectif défini. Un constat amplifié par la volonté des Etats de rendre leurs moyens résistants et d'assurer la protection du territoire, quand bien même une des briques concourant à la défense nationale se retrouverait hors service. « L'objectif est de parvenir à rendre résilient l'ensemble du système de défense et des briques qui le composent. L'interruption de service ou la destruction d'une capacité ne doit pas nuire au fonctionnement de l'ensemble », expliquent Bertrand Slaski et Etienne Daum. Les Etats se préparent dès lors à pouvoir faire face à des conflits de haute intensité et à pouvoir interdire ou empêcher des manœuvres dans l'ensemble des domaines : air, terre, mer, cyber et désormais spatial. Dans le même ordre, un ensemble de capacités multi-domaines viennent concourir aux stratégies de déni d'accès et d'interdiction de zone, lesquelles s'avèrent hétérogènes en fonction des parties du monde. « Les concepts de déni d'accès et d'interdiction de zone sont vieux comme le monde : de tout temps, en cas de conflits ou d'oppositions, un camp a cherché à empêcher l'adversaire de prendre pied chez lui et d'y manœuvrer librement. Aujourd'hui, les changements portent sur les performances des systèmes et les perspectives offertes par la numérisation et la mise en réseau. Pour simplifier, tout système d'armes type missiles sol-air, missiles antinavires, moyens de guerre électronique, moyens cyber, peut être opéré au sein d'un ensemble A2/ AD », complètent les consultants CEIS.