à première vue, il ne s'agit que d'une vaste étendue de sable et de cailloux, bordée par un escarpement d'une cinquantaine de mètres de hauteur : Khashabiyeh, ou précisément Jibal al-Khashabiyeh, est situé dans une immense dépression, un paléolac au sol craquelé et br?lé, localisé à plus de 300 km à vol d'oiseau au sud-est d'Amman, la capitale du royaume hachémite. C'est pourtant là, sur ce plateau désertique ou hamada, que les Bédouins nomment d'un enchanteur Ardh as-Suwan (la ? terre du silex ?), qu'une équipe de chercheurs franco-jordaniens - la Mission archéologique du sud-est jordanien-a découvert des desert kites, ou ? cerfs-volants du désert ?. C'est-à-dire d'imposants alignements de pierres, plus visibles du ciel que du sol, identifiés au début du XX~e siècle lors du survol des steppes basaltiques de la Syrie et de l'Arabie Saoudite, mais qui n'avaient jamais été repérés dans l'univers calcaire de la plaine jordanienne (lire l'encadré p. 78). Des mégastructures constituées de longs murets convergeant vers un enclos ponctué d'éléments circulaires, s'étendant sur plusieurs kilomètres, et dont le nom fut attribué en raison de leur ressemblance, vues du ciel, avec des cerfs-volants. Nommés localement masayed hajariyyah, ces murets assez peu élevés (de 30 à 40 cm) composaient des pièges empierrés liés à des chasses de masse, que des découvertes viennent pour la première fois d'associer, dans tout le Proche-Orient, à des populations de chasseurs préhistoriques.
展开▼