Cinq ans: c'est le surplus d'espérance de vie des femmes dans le monde par rapport aux hommes. Une situation retrouvée chez la plupart des mammifères. En 2015, une étude publiée dans Nature a mis en évidence l'inverse chez les oiseaux: les males vivent plus longtemps. Or, chez les oiseaux, le sexe est déterminé par les chromosomes sexuels W et Z, l'exact opposé du système XY. Les oiseaux femelles ont un chromosome W dégénéré. Pour expliquer cette différence de longévité, la généticienne Doris Bachtrog, professeure à l'université de Californie à Berkeley (états-Unis), a proposé une théorie fondée sur les chromosomes sexuels. Du fait de leur dégénérescence, les chromosomes Y et W contiennent beaucoup de transposons : des éléments parasites capables de sauter dans le génome, pouvant créer des mutations dommageables pour les organismes. Ces éléments transposables en surnombre chez les individus porteurs d'un chromosome Y ou W pourraient donc diminuer la longévité. ? Doris Bachtrog a pu étayer cette hypothèse avec des expériences très élégantes chez la drosophile ?, indique Gabriel Marais, chercheur à l'université de Porto (Portugal). Les travaux de la scientifique montrent une corrélation entre une longévité plus courte et le fait de posséder un Y dans son génome. Avec des équipes à Lyon, Gabriel Marais réalise des études chez des hommes ayant un chromosome sexuel surnuméraire : ils sont soit XXY, soit XYY. Les travaux ne sont pas encore publiés, mais les premiers résultats semblent conforter l'hypothèse du ?Y toxique?.
展开▼