La Mothe, forteresse fantôme

摘要

Quand on approche la Meuse vers Bourmont, par l'ouest, le paysage vallonne à l'annonce des Vosges. Dans ces confins de la Haute-Marne, le promeneur peu averti ne distingue pas la hauteur de la Mothe des autres collines, qu'elle domine pourtant de ses 504 mètres d'altitude. Difficile d'imaginer que ce monticule verdoyant a été, jusqu'en 1645, le site d'une forteresse de 30 hectares, deuxième place forte de Lorraine après Nancy, avec son château, sa collégiale et sa cité bouillonnante. Il fallut pourtant à peine trois mois, cet été-là, pour que, suite à la capitulation de la ville, Mazarin la réduise à un amas de ruines. Histoire mouvementée que celle de la Mothe, «ville nouvelle » créée en 1258 à la limite occidentale du duché de Lorraine. Le duché rendant hommage à la France, la cité fortifiée est dès l'origine au cœur du conflit qui oppose le royaume et l'Empire germanique pour la possession de ce territoire. Après des années de neutralité prudente, tout bascule en 1541, lors du mariage de François de Lorraine avec Chrétienne de Danemark, nièce de Charles Quint, qui fait pencher la balance vers l'Empire. À la mort de François, Chrétienne renforce les fortifications de la Mothe. François Ⅰ~(er) puis Henri Ⅱ tentent d'imposer à la Lorraine des accords qui ne seront jamais respectés. Arrivé à la tête du duché en 1624, Charles Ⅳ de Lorraine, favorable à l'Empire, dédaigne de prêter l'hommage dû depuis saint Louis aux rois de France et donne asile à Gaston d'Orléans, exilé par son frère Louis (ⅩⅢ)... Autant de motifs d'exaspération pour Richelieu puis Mazarin. Pendant dix ans, sièges et trêves précaires se succèdent. Dans les années 1630, la peste atteint la région, la guerre de Trente Ans entraîne pillages et violences, entrave le commerce, provoque la disette.