C'est une vraie course à l'étrange. Rappeler que les trous noirs ont longtemps été considérés comme l'objet le plus abracadabrantesque de l'Univers n'étonnera pas les fidèles lectrices et lecteurs de Sciences et Avenir. Ils se souviendront peut-être même qu'il y eut jadis des scientifiques aussi remarquables qu'Einstein pour ne pas croire à leur réalité. Et ce, bien que la théorie et ses équations les aient distinctement fait émerger. Pourtant, ils existent. Ils se manifestent même violemment (p. 30). Reste à capturer les messages éclairant la face cachée de ces ogres avaleurs de toute matière passant à portée. Il leur fallait des comparses. Les voici. À l'excentricité hors du commun, elles ont pour nom... étoiles à neutrons. Avec leur densité folle - un dé à coudre de leur matière pèse son milliard de tonnes — on parierait sur l'accession de ces anges du bizarre au firmament des nouvelles stars. Grâce à elles, l'histoire de l'astrophysique va sûrement s'accélérer, comme le montre le dossier « Univers violent », en couverture ce mois-ci. L'histoire en question, on l'aura compris, débute en 2015 avec l'extraordinaire observation des ondes gravitationnelles. Traductions vibratoires dans l'espace-temps des déchaînements les plus furieux, par exemple la fusion de trous noirs, elles aussi avaient été prévues par la théorie depuis un siècle. Reste qu'elles ne s'étaient jamais laissé piéger jusque-là. Sciences et Avenir en a raconté l'aventure dans un numéro précédent*. L'excitation renouvelée qui a saisi les astrophysiciens - certains, telle Sarah Antier, se dévouent quotidiennement à la cause (p. 32) -, vient d'un nouveau chapitre, écrit à l'été 2017 (p. 38). Au loto cosmique, a surgi une nouvelle combinaison avec étoile à neutrons. Les scientifiques devraient y gagner gros. Comme le rappelle en détail la journaliste Azar Khalatbari, si aucun processus lumineux ne jaillit de la fusion de deux trous noirs, avec l'étoile à neutrons, en revanche, tout s'éclaire pour les observateurs (p. 38). Bien que de densité extravagante, l'énigmatique objet céleste émet des ondes électromagnétiques qui sont autant de signatures favorisant son décodage. Comme le rappelle l'astrophysicienne Isabelle Grenier « si l'on dispose d'un signal lié à la fusion de ces astres, on pourra comprendre comment ils se forment et se déchirent ». L'organisation exacte de la matière, l'évolution de cet empilement inouï de particules appelées neutrons, dont on connaît la présence au cœur des atomes de notre monde habituel, demeurent en effet de passionnantes inconnues. Patience, il faut d'abord accumuler les meilleures observations possible, insistent les spécialistes. À n'en pas douter, la nouvelle star ne se laissera pas si facilement dévoiler. Reste que la Terre a des yeux. Un réseau veille de 26 télescopes, qui répond au gentil nom de « Grandma ». Le thriller astral ne fait que commencer.
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