IMAGINEZ DES CIRCUITS électroniques qui, intégrés aux smartphones ou aux ordinateurs portables, réduiraient prodigieusement leur consommation, augmentant d'autant leur autonomie. Ou un réseau de câbles souterrains qui, à la place des lignes à haute tension, transporterait d'immenses quantités d'électricité sur des milliers de kilomètres sans la moindre perte d'énergie. Ou encore de discrets mais puissants électroaimants capables de faire léviter, comme par magie, une multitude d'objets... Toutes ces applications pourraient, à terme, voir le jour grâce à des avancées spectaculaires dans le domaine des «supraconducteurs». Les matériaux de cette famille, utilisés actuellement pour l'TRM (imagerie par résonance magnétique) ou les accélérateurs de particules, possèdent des propriétés absolument remarquables: ils expulsent les champs magnétiques qui les traversent et leur conductivité électrique est littéralement infinie. Mais pour fonctionner, ils doivent être refroidis à une tem-pérature très basse, proche du zéro absolu (-273,15℃), nécessitant de lourds appareillages qui limitent les applications. Or deux équipes - l'une de l'Institut Max Planck de chimie, à Mayence en Allemagne, l'autre de l'université George-Washington, à Washington aux Etats-Unis - viennent de franchir une étape majeure dans le développement de cette technologie. En décembre 2018 et janvier 2019 respectivement, elles ont mesuré des propriétés supraconductrices dans un matériau très riche en hydrogène... à seulement -23℃ et -13℃! «Soit les températures que l'on trouve dans de vulgaires congélateurs», s'enthousiasme Brigitte Leridon, de l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESCPI), qui juge ces résultats «très impressionnants». «Ils pulvérisent les précédents records et s'approchent comme jamais d'une supraconductivité à température ambiante, souligne la chercheuse, un des défis de la physique qui obsède les scientifiques depuis des décennies.»
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