Depuis 2010, les entreprises de la filière nucléaire ont engagé une période de recrutement sans précédent : 8 000 emplois sont à pourvoir chaque année jusqu'en 2020. Techniciens, ingénieurs, chercheurs, tous les métiers sont concernés. L'objectif est double. D'abord, il s'agit de remplacer les départs à la retraite de la génération des « bâtisseurs », ces pionniers à l'origine du parc nucléaire. Ensuite, ces recrutements sont nécessaires face aux projets en cours et ceux à venir. Le principal d'entre eux, le programme « Grand Carénage », prévoit des travaux de maintenance de grande ampleur pour chacun des 32 réacteurs de 900 MW du parc nucléaire. Ces chantiers visent notamment à remplacer une partie des gros composants tels que les générateurs à vapeur. « L'entretien d'un générateur à vapeur rassemble plus de 1000 collaborateurs à temps plein » souligne Jean-Luc Minard, directeur des relations humaines et des savoirs de Framatome. La rénovation de certaines installations du CEA et d'Orano sont également prévues, elles généreront aussi de nouvelles perspectives. Et dans la décennie à venir, les réacteurs en exploitation sont appelés à être remplacés. Dans l'optique de maintenir un socle nucléaire, une vingtaine de réacteurs EPR pourraient être construits. Participer à ces chantiers exige des compétences techniques très pointues. En effet, la totalité de la chaîne industrielle - systèmes, services et composants - doit être qualifiée au niveau «qualité nucléaire». Dans cette optique, les entreprises se préparent à investir en compétences, par recrutement ou par programmes internes de formation, comme elles l'ont fait pour le chantier de l'EPR de Flamanville. Pour Framatome, l'objectif est «d'avoir une expertise reconnue et durable ». L'entreprise prévoit de recruter 2500 postes d'ici 2021. Comme le résume Marc Goussal, directeur des ressources humaines de TechnicAtome, «Il est rare qu'un ingénieur travaille toute sa vie sur le même projet». Les métiers de l'ingénierie demandent de mobiliser des compétences variées en physique, chimie, thermique, mécanique des structures, mécanique des fluides, neutronique, science des matériaux, biologie, informatique, gestion de projet... La pluridisciplinarité est souvent la clef du succès. Au-delà des grands majors, tout un tissu de PME/TPE (elles sont 2600 au total) recrute. Des entreprises à taille humaine où les jeunes recrues sont responsabilisées et montent rapidement en compétence, comme le souligne David Pontus, directeur de l'activité nucléaire chez REEL : « nos salariés sont autonomes et évoluent dans une organisation agile et souple». Le contenu du travail est souvent riche, offrant une vision globale et non morcelée de l'activité et une proximité plus forte avec les dirigeants.
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