S'il y a bien une question qui taraude le chef militaire, c'est bien celle de savoir s'il sait commander, s'il est capable d'affronter l'épreuve du combat en accomplissant la mission reçue et en ramenant ses subordonnés à bon port. Réfléchir sur l'art du commandement pourrait sembler être un poncif tant de lignes - fort pertinentes d'ailleurs - ont été écrites dessus à commencer par l'Iliade. Car commander, c'est assurer la survie du groupe et cela depuis la nuit des temps. L'image du chef militaire - le héros - a longtemps prévalu dans l'imagerie occidentale, mais avec les horreurs des conflits du XXe siècle, cette figure est passée de mode au profit d'une autre plus « managériale », plus civile et peut-être plus facile à atteindre. On n'ose plus dire commander ou ordonner, mais manager, obtenir l'adhésion, renforcer le collectif... Certes, tout cela est essentiel surtout lorsque l'on a la responsabilité de conduire des hommes et des femmes dans un environnement opérationnel. À cela se rajoutent les évolutions technologiques. Fini le temps où le chef de l'escadre partait en expédition juste muni d'une lettre d'instructions et à lui de faire les bons choix au bon moment pour remporter la victoire. Il ne rendrait compte qu'au retour... Aujourd'hui, la dictature du temps court et l'omniprésence des réseaux font que sa liberté d'action peut être restreinte. Fini le temps où, du haut de sa passerelle ou de son cheval, il pouvait à la fois superviser l'action en cours et donner quelques ordres verbaux pour conduire la troupe. Aujourd'hui, il suit derrière des écrans affichant des données multiples à partir desquelles il va falloir qu'il décide. Décider dans la complexité. Décider dans l'incertitude. Décider dans la guerre.
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