Nos dernières opérations extérieures ont suscité en France des réactions très différentes, allant de profondes divisions pour le Kosovo à l'union sacrée pour le Mali, en passant par de fréquents atermoiements dans le cas afghan. Cette volatilité et ces dissensions pourraient faire penser qu'il manque à la France une doctrine claire et pérenne qui lui permette de décider de sa participation à une opération. Comment trancher lorsque l'exécutif, la classe politique et l'opinion sont en proie au doute ? Comment éviter que la prise de décision ne soit l'otage des agendas politiques ? Pour tout dire, comment continuer à valoriser la puissance décisionnelle du président de la République, capable de déclencher une opération sans passer par un processus parlementaire aussi lent qu'incertain ? Au début des années 1990, la doctrine Powell fut instituée dans le but de permettre de statuer efficacement sur l'engagement des forces américaines en se posant huit questions objectives. En France, même si un outil aussi abouti et exhaustif n'a jamais existé, il n'est pour autant pas totalement absent. De fait, de façon assez diffuse mais bien constante, nos intérêts supérieurs ainsi que des considérations humanistes sont invoqués pour chaque opération. Plus formellement, le Livre blanc de 2013 inscrit clairement la « légitimité internationale » comme condition sine qua non de toute intervention extérieure.
展开▼