À l'heure du café-croissant, il est des matins où les rêves de la nuit ont du mal à se dissiper et vous laissent dans un entre-deux grisâtre. Les attentats, la dette grecque, le conflit en Ukraine et les opérations extérieures de nos armées ne font désormais plus guère la Une des matinales TV, repoussés à l'arrière-plan de nos consciences par des inondations, des Nuit Debout et des grèves, des populistes aux portes du pouvoir en Amérique ou écartés de peu en Autriche, un Brexit qui se précise, un crash d'avion en Méditerranée, que sais-je encore ? On se surprend alors à rêver d'un été au soleil, bien tranquille ; d'un succès à l'Euro, facile ; de la grandeur de la France, superbe et civilisatrice ; ou de « la douceur des lampes à huile, (de) la splendeur de la marine à voile ». Ce goût récurrent de la nostalgie et du frivole, que fustigeait, en son temps, un certain général, ce repli frileux et narcissique face aux changements, ce mépris affecté pour ce qui se passe hors de l'Hexagone, est-ce bien là ce que nous entendons montrer de nous au monde ? De quelque bord que l'on soit, nous semblons minés par ce sentiment collectif de blocage, d'absence de but commun, de manque de concertation, de menace sourde. Un village gaulois mythique, qui se rêve seul face aux légions romaines ? Sans doute, mais sans potion magique cette fois !
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