La Commission de régulation de l'énergie vient de publier une étude prospective* sur l'évolution du secteur de l'énergie sur la période 2030-2050. Ce travail a permis de faire ressortir douze "thèses" qui dressent le portrait d'un secteur très différent sous l'effet des évolutions technologiques et des politiques destinées à lutter contre le changement climatique. Parmi les conclusions de ce document, la CRE estime que la demande diminuera fortement en France et en Europe, contrairement à la consommation mondiale qui sera tirée vers le haut par les pays en développement. Les politiques d'efficacité énergétique devraient donc porter leurs fruits. Quant à l'énergie produite, elle sera largement décarbonée, notamment grâce à une compétitivité accrue des renouvelables. Ce développement entraînera automatiquement un besoin accru en réseau pour gérer l'intermittence même si leur taux d'utilisation baissera. Il faudra donc une refonte complète des réseaux et anticiper ces changements sous peine de voir les coûts associés exploser. Pour stabiliser le système, le stockage par batteries deviendra un rouage essentiel car la baisse de son coût devrait suivre une trajectoire similaire à celle constatée actuellement pour le solaire photovoltaïque. Les batteries présentes dans les véhicules électriques devraient aussi jouer un rôle important. L'association entre stockage et production renouvelable décentralisée développera des microgrids qui deviendront rentables si les conditions le permettent. Ces bouleversements pourraient avoir un impact non négligeable sur les marchés de gros, dont la capacité à envoyer des signaux de prix pertinents pourrait être remise en cause. Le gaz continuera à jouer un rôle d'envergure en Europe pour faciliter la transition énergétique, avec un basculement progressif vers le gaz vert et vers des usages liés à la mobilité. À plus long terme, l'hydrogène pourrait devenir aussi un vecteur important dans les systèmes énergétiques à condition que ses coûts baissent significativement. Le secteur de l'énergie se prépare donc à de profondes mutations. La CRE livre dans son étude quelques pistes pour qu'il s'adapte. Parmi les douze retenues par le régulateur, il conseille d'ajuster les approches de régulation afin de prendre en compte le déploiement plus rapide des nouvelles technologies et de déployer un nouveau cadre pour améliorer la coordination entre production et réseau. Il suggère aussi de s'adapter à l'autoconsommation. La CRE appelle à faire preuve de prudence concernant les investissements dans les infrastructures gazières afin d'éviter de créer des coûts échoués si les scénarios bas de demande gazière se réalisaient. La Commission propose aussi de renforcer la coordination entre les systèmes électrique et gazier pour faciliter une approche globale de la transition énergétique.
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