CARACTERISATION GEOCHIMIQUE ET ISOTOPIQUE DES EAUX SOUTERRAINES DANS LE BASSIN DU CHOTT CHERGUI (ALGERIE)

摘要

Le bassin hydrologique du Chott Chergui est un bassin endoréique qui fait partie d'une vaste unité géographique, les Hautes Plaines steppiques. Il s'agit d'un domaine semi-désertique, compris entre le Tell, au nord, et l'Atlas saharien, au sud. Cette étude repose sur l'analyse chimique et isotopique de près de 70 échantillons, prélevés dans trois niveaux aqui-fères (le jurassique moyen, le sénonien et le tertiaire). Les eaux souterraines du Chergui sont, dans l'ensemble, caractérisées par un faciès chimique du type choruré sulfaté, calcique et magnésien. Deux domaines différents de salinité peuvent être distingués. L'un correspond à la partie amont (bordures du bassin et sa partie ouest), où la minéralisation est faible, l'autre à la partie aval (partie orientale du bassin), où la minéralisation est plus forte. La distribution spatiale de la salinité obéit donc à un gradient centripète vers la partie orientale du Chott stricto sensu, conformément à ce que l'on pouvait attendre d'un écoulement endoréique. L'étude du mode d'acquisition de la minéralisation des eaux souterraines montre que celle-ci est surtout régie par la dissolution du gypse et de la halite, notamment, dans la partie basse du bassin. L'étude isotopique (~(18)O, ~2H, ~3H, ~(13)C, ~(14)C) montre que les eaux souterraines du Chergui peuvent être subdivisées, en deux ensembles: a) un ensemble d'eaux relativement récentes (0-3000 ans), aux teneurs isotopiques assez dispersées, prélevées dans les horizons superficiels ou en bordures; b) une masse homogène d'eaux anciennes (> 10 ka), aux teneurs isotopiques plus basses, issues des formations aquifères du jurassique moyen, sénonien et tertiaire profond, prélevées dans l'axe du bassin. Une intercommunication est mise en évidence entre les niveaux aquifères du jurassique moyen, sénonien et tertiaire profond. La confrontation des données isotopiques avec les données chimiques montre que la concentration en sels est acquise principalement par voie de dissolution des minéraux. Ceci est clair pour les eaux anciennes profondes alors que, pour les eaux souterraines superficielles, collectées dans le tertiaire, les phénomènes de dissolution et d'évaporation sont étroitement liés. L'existence d'un flux ascendant des eaux profondes au travers des formations tertiaires peut être déduite de la relation δ~2H vs δ~(18)O. Les eaux ascendantes sont ensuite soumises à l'évaporation dans les niveaux superficiels du tertiaire. En complément de ce travail, une étude de quantification du flux évaporatoire est en cours, fondée sur la modélisation de profils isotopiques obtenus dans la zone non saturée.