Le temps dans le cinéma d'Hou Hsiao-hsien : « Ni passé, ni avenir, juste un présent affamé »

摘要

Hou Hsiao-hsien a toujours entretenu un rapport privilégie et intime au temps. S'il a d'abord commencé à raconter sa propre histoire en racontant son enfance à Taipei dans des récits autobiographiques, Hou s'est ensuite intéressé à l'histoire oubliée de Taïwan, une histoire mouvementé, jusqu'alors étouffé par la censure. qui sort en 1995, change considérablement la donne. Le film suit au quotidien la vie de jeunes malfrats taïwanais, chérissant le rêve de quitter l'île alors qu'ils en sont s'en cesse empêchés. En revenant à un sujet contemporain, Hou, parachevant sa forme, son esthétique, semble chercher autre chose. De l'aveu même du cinéaste, il s'agirait de filmer le présent, le filmer dans son plein accomplissement, son écoulement inexorable, saisir le temps présent dans toute son essence. Il ne faut cependant pas réduire la notion de présent à la seule notion d'époque. Il ne s'agit pas simplement de filmer le monde contemporain, mais plutôt de rendre le temps sensible, perceptible. Ainsi, Hou Hsiao-hsien va tisser ce que l'on peut définir comme une véritable radiographie du présent, interrogeant le monde contemporain tout en interrogeant le médium cinéma : il faudra pour ce faire, élaborer une nouvelle forme, la faire éclore depuis son propre cinéma, depuis ses propres obsessions. Les nouveaux atours que revêt ce présent absolu, emprisonnent les personnages dans un temps circulaire, creusant sous leurs pieds la terrible l'abîme de la mélancolie.