Le temps mis en couleurs : des couleurs liturgiques aux modes vestimentaires (XIIe-XIIIe siècles)

摘要

Les historiens de la liturgie n'ont encore prêté qu'une attention imparfaite à la normalisation et à l'enrichissement du code des couleurs rythmant l'année chrétienne. Alors que, dans les premiers siècles, le célébrant portait ses vêtements ordinaires, le blanc semble s'être imposé graduellement pour la célébration de Pâques et les fêtes les plus solennelles, d'autres couleurs apparaissant ponctuellement. A la fin de l'époque carolingienne, des usages plus précis se fixèrent, en divers diocèse, mais sans homogénéité. Divers témoignages, comme celui du futur Innocent III dans son De sacro sancti altaris mysterio, consignant les usages du diocèse de Rome vers 1195 et prolongé par le Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand, tendent à montrer que les XIIe et XIIIe siècles ont marqué une étape essentielle, sans pour autant unifier les usages dans la chrétienté. Ce n'est pas hasard si cette période est aussi celle du plus vif débat sur le statut de la couleur à l'intérieur des églises, de l'explosion de l'héraldique et de l'apparition d'usages plus difficiles à suivre en matière de modes vestimentaires, où la couleur marque des états sociaux ou familiaux, l'appartenance à une cour princière ou le rythme des saisons.