Informatisation de la production et polyvalence... ou comment une flexibilité peut en cacher une autre

摘要

Si la préoccupation des ajustements de court terme a conduit le débat sur la flexibilité à se concentrer sur le droit des licenciements, la durée du travail et partiellement la formation des salaires, les changements dans l'organisation de la production et le système de qualification désignent des enjeux probablement plus importants encore dans le moyen long terme. Aussi cet article se concentre-t-il sur ces deux dernières composantes de la relation salariale. Il vise à la fois une discussion des quatre articles du dossier consacrés à la flexibilité et une revue de littérature plus générale sur ces thèmes. Il est d'abord discuté de la viabilité et de la vraisemblance de la spécialisation flexible comme alternative au fordisme. Il n'est pas sûr que l'informatisation de la production améliore le degré d'adaptabilité à l'évolution économique d'ensemble, ni que la prégnance des règles professionnelles héritées du passé ne canalise dans d'autres directions ce que l'on appelle parfois la troisième révolution industrielle. Il est ensuite montré que la polyvalence traditionnelle constituait une méthode pour internaliser la variabilité de l'activité, en volume comme en composition. Mais il n'est pas sûr que la déstabilisation des régularités économiques par la crise, plus encore les changements dans l'éducation et les perspectives ouvertes par les nouvelles technologies n'appellent pas une autre forme de polyvalence, plus extériorisée et centrée sur le diplôme. En conclusion est esquissé un programme de recherches qui se fixerait comme objectif de cerner l'émergence d'une nouvelle régulation des relations professionnelles. Typologie des divers embryons de relations salariales, explicitation des déterminants de leur diffusion, taxonomie de trois types de changements, examen de la compatibilité structurelle des mutations en cours pourraient constituer autant d'étapes de ce projet.