Le projet de sonnet en hommage à l’auteur des Fleurs du mal que Nelligan a laissé sous le titre « Le tombeau de Charles Baudelaire » n’a guère retenu l’attention des commentateurs, qui n’en ont offert aucune lecture soutenue. Son style et son imaginaire insolites témoignent pourtant d’un travail d’élaboration — au sens psychique et artistique du mot — indéniable, même remarquable, qui confère à cette « ébauche » non seulement l’unité de structure nécessaire à son fonctionnement et à son authentification comme poème, mais surtout un rare degré d’originalité. L’auteur démontre qu’à travers l’esthétique étrangement « locale » ou « colloquiale » de ce poème, Nelligan essaie, par un ingénieux et paradoxal tour de main, de se positionner avantageusement dans l’espace symbolique de la modernité baudelairienne.
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