Risques/Questions a Jean-Pierre Dupuy, professeur de philosophie morale et politique, sur son livre 《Pour un catastrophisme eclaire. Quand l'impossible est certain》(2002, Seuil)

摘要

Le 6 aout 1945 est une date charniere dans l'histoire de notre espece. L'humanite est devenue ce jour-la capable de se detruire elle-meme et rien ne fera jamais qu'elle perde cette toute-puissance negative. Supposons que demain, un desarmement nucleaire universel soit decide et effectivement mis en oeuvre: cela ne changerait rien au fait que nous sommes desormais sous la menace de notre autodestruction, sans retour en arriere possible, sans "remise a zero" envisageable. La situation en serait meme probablement aggravee. Puisqu'il ne suffirait a chaque puissance denuclearisee que de quelques semaines pour se rearmer, chacune s'attendrait a ce que l'autre prenne les devants et se precipiterait pour ne pas se laisser devancer. L'existence d'arsenaux se faisant face produit au moins un effet de dissuasion qui bloque en partie cette debandade. J'ai montre que la logique de la dissuasion nucleaire implique d'inscrire l'apocalypse dans une transcendance hors du temps, a l'instar du Dieu de Saint Thomas. La dissuasion est un jeu extremement perilleux consistant a faire de l'aneantissement mutuel un destin. Dire qu'elle fonctionne signifie simplement ceci: tant qu'on ne le tente pas inconsiderement, il y a une chance que le destin nous oublie - pour un temps, peut-etre long, voire tres long, mais pas infini.