Xavier Lépingle est le président d'Intersoie France et le directeur général de Hth.Journal du Textile : La soie a-t-elle encore sa place dans le monde d'aujourd'hui ?Xavier Lépingle: ?L'industrie de la soie en France dispose d'une multitude d'atouts. Outre des racines et des savoir-faire très forts, elle répond aux sujets de préoccupation actuels en matière d'environnement. La soie est écoresponsable, avec une production qui vient d'élevages de vers à soie, dénuée d'insecticides et de pesticides, liée à la culture d'arbres à l'impact carbone négatif. Par rapport à d'autres matières d'origine naturelle qui consomment énormément d'eau, la soie est dépendante des m?riers, qui poussent dans des zones demandant peu d'irrigation. Enfin, la soie est biocompatible, en ouvrant par exemple des territoires vers le médical (elle peut être utilisée pour des tissus de reconstruction) ou l'alimentaire (elle est comestible et des start-up travaillent sur le sujet).?En France, la soie a une connotation de matière chère. Est-ce justifié ?X. L. : ?Le fait que de jeunes créateurs s'emparent de la soie est intéressant, car cela montre que cette matière, parfois associée à une image désuète, ne doit pas être réduite à celle de l'étoffe des nobles ou de la lingerie sexy. Elle est ainsi considérée en France comme chère, parce qu'on y travaille son grade le plus élevé. Mais c'est une question de culture. En Inde, par exemple, où on utilise des qualités moins exigeantes, des femmes de milieu modeste portent des saris en soie. Certes, on ne va pas tous s'habiller en sari, mais on peut aussi imaginer en France des espaces de création pour des produits plus accessibles, en soie de grade 2.A ou 3.A par exemple. C'est également une question de curiosité: il suffit de s'intéresser à ce qu'on fait sur notre territoire. Et alors qu'on parle de relocalisation, on peut déjà se tourner vers ces sociétés, qui n'ont, elles, jamais quitté notre territoire...?.
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