Depuis le début du phénomène en 2011, les échouages d'algues sargasse en Guadeloupe et Martinique n'ont jamais été aussi intenses. Des sites de stockage à terre ont été improvisés, en attendant d'y voir plus clair sur la pertinence du compostage et sur des valorisations en biomatériaux. Les échouages de sargasses ? «C'est un phénomène variable mais récurrent, il va donc falloir vivre avec», expliquait Frédéric Ménard, directeur du Département Océans de l'Institut de recherche et développement (IRD) en octobre 2018. Il intervenait à la 14~e conférence de coopération Antilles Guyane. Cinq cent ans après leur découverte par Christophe Colomb, ces «radeaux» d'algues viennent s'échouer massivement sur les côtes des Amériques. « On fait face probablement à une nouvelle mer des sargasses, beaucoup plus au Sud », observe Frédéric Ménard. Celle-ci serait liée aux changements climatiques et «à l'accroissement possible des rejets de nutriments amazoniens». Variables depuis 2011, les échouages se sont interrompus en 2016, avant d'atteindre un pic en 2018. « 92 000 tonnes ont été collectées en 2018, dont 40000 en Martinique et le reste en Guadeloupe», précise Clio Maridakis, ingénieure Collecte et valorisation des algues sargasses à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) Martinique. L'accumulation et la dégradation des sargasses sur les plages entraînent des émissions de dioxyde de souffre et d'ammoniac suffisamment préoccupantes pour avoir entraîné des fermetures d'écoles. «Le marnage (amplitude de la marée) étant plus faible et la chaleur plus forte qu'en Bretagne, l'as- pect sanitaire est plus pregnant qu'avec les algues vertes», souligne son homologue à l'Ademe Guadeloupe, Nina Cudennec. Sollicitée pour trouver des solutions, l'agence a lancé dès 2015 des appels à projet et à manifestation, qui donnent leurs premiers résultats.
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