LE20 MAI 1954, le gouvernement soviétique charge Sergueï Pavlovitch Korolev de mettre au point un missile destiné à atteindre les Etats-Unis depuis le sol russe, baptisé R7. Il est alors à la tête de l'OKB-1, une nouvelle cellule du NII88, un institut chargé de la construction des fusées. Voyant dans cette nouvelle mission l'occasion de réaliser son plus vieux rêve, atteindre l'espace, Korolev adresse six jours plus tard à Dimitri Oustinov, ministre de la guerre, une demande pour lancer un satellite artificiel qu'il appelle "objet D". Il évoque la possibilité d'obtenir la puissance nécessaire pour se détacher de l'attraction terrestre en abaissant la charge de la fusée R7, qui devra être capable d'envoyer une bombe de 5 tonnes à une distance de 8 000 km. Il y joint un rapport de son vieil ami l'ingénieur Mikhaïl Klavdevitch Tikhonravov, intitulé Sur un satellite artificiel de la. Terre, dans lequel l'auteur préconise un satellite "orienté", d'une masse de 2 à 3 tonnes, alimenté par des batteries solaires et des accumulateurs, contenant 1 300 kilos d'instruments et capable de retransmettre les informations par radio vers la Terre. Il passe aussi en revue les missions lunaires, planétaires et même humaines susceptibles d'être réalisées avec la R7 et termine en soulignant « l'importance d'un satellite artificiel pour la défense, importance qui ne fera que croître au fur et à mesure des technologies de construction de ce type de machine... La création d'un satellite artificiel de la Terre possède une signification politique immense en tant qu'indicateur du développement atteint par notre technologie nationale ».
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