LA TOUR DES DAMNÉES

摘要

Une vision effroyable... Le 11 janvier 1767, le prince de Beauvau, gouverneur du Languedoc, pénètre dans la tour de Constance, à Aigues-Mortes. Il vient constater ce qu'il sait déjà : dans cette prison, la plus sinistre de la province, ne sont enfermées que... des femmes. Toutes protestantes. Toutes accusées d'avoir assisté à des assemblées secrètes - le culte réformé est interdit depuis 1685. Jusqu'à trente-cinq prisonnières ont pu être entassées dans la salle haute. « Les conditions de détention sont déplorables, explique Patrick Florençon, historien au Centre des monuments nationaux à Aigues-Mortes (Gard). Elles n'ont pour s'alimenter que du pain et l'eau du puits. À cause des courants d'air et de l'épaisseur des murs, il fait un froid permanent, même en été, ce qui oblige à obturer les ouvertures et à vivre dans la pénombre. Beaucoup de prisonnières perdent la vue. » Trois femmes ont accouché dans la prison, d'autres ont été incarcérées avec leurs enfants en bas âge, par la suite placés dans des institutions catholiques. Bravant l'autorité royale, Beauvau entend libérer les malheureuses. Lorsqu'il pénètre dans la salle des prisonnières, il a en face de lui une poignée de femmes plus très jeunes, parfois à moitié folles. Il est dit que de cette sinistre tour, on ne sort que pour le cimetière. Sauf celles qui, désespérées, ont décidé d'abjurer leur foi.