Un nouveau regard sur la dépression

摘要

C'est une information qui peut nous faire broyer du noir. « Un déprimé sur deux n'est pas ou mal pris en charge », déclare à Sciences et Avenir le Dr Adeline Gaillard, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne (Paris), dans le dossier (pp. 28-42) que nous consacrons ce mois-ci à cette maladie qui afflige nombre de nos concitoyens. Ce seraient ainsi 10 % à 20 % (voire plus ?) de la population française qui présenterait un épisode dépressif majeur au cours de sa vie. Les femmes se retrouvant d'ailleurs en première ligne, elles qui seraient deux fois plus affectées que les hommes. Heureusement, si l'on ose écrire, la recherche ne désarme pas. Et l'art d'inventer de nouveaux traitements non plus. C'est ce que nous avons voulu expliquer en douze pages qui font la part belle aux avancées dans la lutte des spécialistes. Car il y a de l'espoir pour ceux qui sont affectés et qu'il ne faut cesser de soutenir. Non, l'individu dépressif ne manque pas de volonté ! Non, ce n'est pas un paresseux ! Non, il ne s'agit pas d'un banal mal-être ! De l'espoir aussi pour les proches qui redoutent des passages à l'acte comme le suicide. Près de 70 % des personnes qui attentent à leur vie souffrent de cette maladie, estime ainsi l'association France Dépression. Voilà pourquoi il est utile de mieux connaître les quatre périodes de la vie où nous sommes les plus vulnérables et que Sciences et Avenir a mises en exergue (pp. 36-39). Alors ? Alors, il y a quand même de « bonnes » surprises, qui donnent un espoir de mieux accéder aux causes mêmes de la pathologie et partant, de traitements innovants. Ainsi, et c'est très étonnant, apparaît aujourd'hui la piste de la maladie infectieuse. Plusieurs spécialistes, aux États-Unis, mais aussi en France comme le Pr Philippe Fossati (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), prennent très au sérieux l'hypothèse de l'action de pathogènes provoquant une inflammation cérébrale. Accusé tout particulièrement, le parasite agent de la toxoplasmose Toxoplasma gondii (p. 32). Mais il y en a d'autres, depuis des bactéries présentes dans nos intestins jusqu'à certains virus. Outre la vulnérabilité génétique (p. 34), on découvre aujourd'hui qu'un tout nouveau regard peut être porté sur la dépression. Et Sciences et Avenir ne manquera pas de faire le suivi de ces annonces. Car elles pourraient déboucher, on l'aura compris, sur des armes d'un genre nouveau - par exemple des probiotiques, agissant sur les bactéries incriminées... D'ici là, et c'est aussi une bonne nouvelle, la guérison est possible pour presque trois personnes sur quatre. Et ce, grâce à la combinaison de multiples traitements (pp. 40-41), et pas seulement les antidépresseurs. Il est extrêmement intéressant de découvrir qu'un nouveau regard, là aussi, est jeté sur la maladie. Car les chercheurs s'efforcent d'atténuer les troubles cognitifs engendrés par la dépression, envisagée désormais comme... neurotoxique. C'est cela qui nous empêche de tout à fait broyer du noir.