Haine en ligne et liberté d'expression

摘要

Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie au collège du Bois d'AulneàConflans-Sainte-Honorine a été décapité le 16 octobre 2020 pour avoir voulu enseigner à ses élèves la liberté d'expression. Beaucoup rendent les réseaux sociaux responsables des flots d'injures qui se déversèrent sur cet enseignant et qui convainquirent un jeune fanatique d'à peine 18 ans d'aller l'assassiner. Pour éviter que cela ne se reproduise, certains voudraient exiger des réseaux sociaux qu'ils modèrent leurs contenus. À cet effet, au début de l'année 2020, le Parlement avait voté la loi contre les contenus haineux sur Internet — dite aussi loi Avia du nom de la députée Laetitia Avia qui l'avait portée. Toutefois, dans sa grande sagesse, le Conseil constitutionnel l'avait jugée tout à la fois louable dans ses intentions, et contraire à la Constitution. Rappelons que la haine est un sentiment. On ne saurait donc la réprimer en tant que telle. La loi Avia faisait obligation aux hébergeurs et auxéditeurs de services informatiques en ligne de retirer sous 24 heures et sur mandat de l'autorité administrative, des contenus à caractère pédopornographique ou terroriste signalés par des internautes. Si elle avait été en vigueur, les incitations aux meurtres diffusées en ligne auraient peut-être été stoppées à temps pour empêcher ce sordide assassinat. Mais, dans le même temps, on peut craindre que d'autres internautes aient signalé les caricatures de Charlie Hebdo et que les réseaux sociaux, pour se prémunir de poursuites judiciaires, les aient retirées, bien que licites, ce qui aurait grandement porté atteinte à la liberté d'expression. Le retour de la loi Avia, que certains préconisent, ferait donc mourir une nouvelle fois Samuel Paty. En effet, en soumettant les publications en ligne au bon vouloir de quelques internautes, sans contrôle de la justice, la liberté d'expression pour laquelle il s'était mobiksé risquerait fort d'être battue en brèche.