Irréversibilité de l'ouverture de la science

摘要

Ces dernières années, le gouvernement comme les organismes de recherche de notre pays ont largement promu la science dite ouverte, en particulier l'accès libre et gratuit de tous aux publications des travaux résultant de recherches financées sur des fonds publics et l'ouverture des données administratives et scientifiques. En témoignent, entre autres, la loi pour une République numérique promulguée en octobre 2016 et, plus récemment, en 2019, le Plan national pour la science ouverte du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Comment ne pas se réjouir de telles initiatives qui répondent à l'idéal philanthropique d'une science au service de tous? Au-delà, l'ouverture des publications et des données permet aussi à tous de contrôler la rigueur de la démarche scientifique, ce qui aide à lutter contre les fraudes et à renforcer la confiance dans les sciences. Rappelons que l'idée n'est pas neuve; elle apparut au ⅩⅦe siècle, avec les premières revues scientifiques qui faisaient passer d'un savoir tenu secret et réservé à quelques initiés, à une connaissance accessible à tous. Cette idée alla s'amplifiant, connaissant des hauts, mais parfois aussi quelques bas. Ainsi, pour des raisons de sécurité nationale, on mit au secret des scientifiques au cours des conflits majeurs, par exemple lors du projet Manhattan (1939-1946), pendant lequel, confinés à Los Alamos, aux États-Unis, des chercheurs conçurent la première bombe atomique. Aujourd'hui, en dépit de la rivalité entre États, l'ouverture de la science se poursuit. Ainsi, même si l'enjeu politique du vaccin contre le Covid-19 paraît considérable, on continue de publier les principes sur lesquels reposent les différentes pistes de recherches. Bref, pour reprendre l'expression de Paul Claudel, en matière d'ouverture de la science, le pire n'est pas toujours sûr...