Sujet politique, sujet psychique. En marge d’un séminaire de psychopathologie historique

摘要

Pour un sociologue soucieux d’analyser comment l’organisation politique d’une société conditionne l’anthropogenèse des individus, l’évolution des figures psychopathologiques est un terrain d’observation privilégié. Celle-ci révèle à quel niveau de profondeur la société pénètre le psychisme individuel en même temps qu’elle s’y ancre, une histoire sociale ne s’appliquant jamais seulement de l’extérieur sur des noyaux d’individualité qui persistent inchangés et indépendamment d’elle. Dans cet article, l’auteur met bien en évidence l’accès problématique à la personne dans nos sociétés postmodernes, où la socialisation s’opère par une individualisation forcenée: les individus n’ont plus la capacité à se regarder et à agir du point de vue de l’ensemble politique à l’intérieur duquel ils pourraient alors « trouver leur place ». Ces pathologies assez nouvelles (fatigue dépressive, violence incivile, abandonnisme agressif, hyperkinésie, etc.) sont analysées comme autant de ratés de l’autonomie individuelle, où l’on retrouve à chaque fois la bipolarité de comportements d’indépendance et de dépendance exacerbés. Ces « objets cliniques non identifiés » pour l’instant (OCNI) pourraient se rapprocher des pathologies dites borderline, pour autant que ce concept soit revisité.